Edmond
Michelet = Saint Louis
Michel Cool publie chez Salvator un nouvel ouvrage
intitulé "La Nouvelle Légende Dorée" et sous-titré "52
saints pour aujourd'hui". En référence à "La Légende Dorée" de Jacques de Voragine, dominicain, qui au XIIIe siècle relata la
vie de cent-cinquante-trois saints.
Seulement, les 52 "saints" de
Michel Cool ne sont pas (encore ?) des saints. Certains ne sont pas catholiques
et certains, même, ne sont pas croyants. Et à côté de personnalités
incontestables, figurent d'autres beaucoup plus contestables. Son ouvrage
est de la même veine que ceux de Jean Peyrade, "Figures catholiques du XXe
siècle", et de Jérôme Cordelier, "Rebelles de Dieu". Ouvrages
sympathiques par bien des côtés, mais tellement superficiels : quelques pages
pour présenter une biographie, une personnalité et sa
spiritualité, forcément schématiques. Une originalité pour l'ouvrage de Cool, il classe ses
"saints" selon les béatitudes.
Michel Cool consacre quatre pages à Edmond Michelet
qu'il enrôle sous "Heureux les doux
: ils auront la terre en héritage". Il n'oublie aucun des poncifs
relatifs à Edmond Michelet. Il y ajoute sa note et lui trouve même de nombreux
points communs avec Saint Louis. Michelet et Saint Louis !
Notons les erreurs factuelles : Edmond Michelet n'a
pas démissionné du ministère de la Justice en août 1961; De Gaulle a tranché
entre Michel Debré et lui et a choisi Debré. Michelet en a été hors de lui :
"Debré a eu ma peau",
confie-t-il à Louis Terrenoire.
Cool écrit : "Il proteste à l'époque contre la répression organisée par Maurice
Papon, le préfet de Paris, contre les partisans de l'indépendance algérienne
qui manifestent dans les rues de la capitale." Il n'y a pas eu de
manifestations pour l'indépendance de l'Algérie dans les rues de Paris quand
Michelet était ministre de la Justice. La manifestation organisée par le FLN
algérien dans Paris (qui donne lieu à une désinformation extravagante) date du
17 octobre 1961. Et Papon n'est pas préfet de Paris, mais préfet de police de
Paris.
Mais ce qui frappe, ce sont les omissions. Comme
toujours quand il s'agit d'hagiographes d'Edmond Michelet.
Rien sur le
rétablissement de la peine de mort en matière politique abolie depuis 1848.
Rien sur la peine de mort réclamée contre les généraux Challe et Zeller. Rien
sur sa hargne contre les partisans de l'Algérie française et contre ses anciens
camarades du gaullisme, Jacques Soustelle et Louis Vallon, ou de la démocratie
chrétienne, Georges Bidault et Alain Poher.
Rien sur son silence lors du massacre
des harkis alors qu'il préside France-Algérie.
Il reste dans le gouvernement
qui approuve en 1967 la loi Neuwirth sur la "prophylaxie
anticonceptionnelle" contraire à l'enseignement constant du Magistère de
l'Eglise.
Voilà le "saint", le "doux" que
Michel Cool propose à notre dévotion. On reste ébahi par la mythologie bâtie
autour d'un homme qui, il est évident, avait une foi profonde mais qui, dans sa
vie publique d'homme politique, ne se différenciait nullement de ses collègues
députés, sénateurs ou ministres. Rien ne vient étayer le fait qu'il y ait agi
"en chrétien".
Il faut dire que la bibliographie citée par Michel
Cool ne brille pas par sa diversité : trois ouvrages écrits par des membres de
la famille Michelet. Rue de la Liberté
d'Edmond Michelet, Prier à Rocamadour
avec Edmond Michelet de Denis Rey (son petit-fils), A la recherche d'Edmond Michelet d'Agnès Brot (sa petite-fille).
Souhaitons que les autres personnalités retenues par
Michel Cool pour son ouvrage soient traitées avec plus de rigueur historique
que Michelet !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Votre commentaire sera affiché après vérification de sa conformité aux règles du savoir-vivre