mercredi 11 septembre 2013

Homélie du cardinal Barbarin,
le 30 août 2013 à la Primatiale Saint Jean de Lyon,
lors de la messe de funérailles
du commandant Hélie de Saint-Marc


L'homélie prononcée par le cardinal Barbarin à la Primatiale Saint-Jean de Lyon le 30 août 2013 lors de la messe de funérailles du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc est d'une grande hauteur spirituelle. 
Justice de Dieu et justice des hommes est l'un des thèmes abordés. 
En l'écoutant, ou en la lisant, on ne peut s'empêcher de penser à Edmond Michelet, ministre de la Justice lors du procès d'Hélie de Saint-Marc le 5 juin 1961 devant le Haut Tribunal Militaire, qui a demandé au procureur général Reliquet de requérir vingt ans de détention criminelle à l'encontre de l'ancien déporté de Buchenwald.


Madame, chers frères et sœurs, vous avez entendu la dernière phrase de l’Evangile : « Je l’ai glorifié, je le glorifierai encore ». Il ne s’agit pas encore d’Hélie de Saint-Marc. C’est une voix réconfortante, qui vient du ciel et qui répond à une demande angoissée, bouleversée de Jésus : « Père, glorifie ton nom. Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? » Lui aussi n’a pas caché son angoisse dans les difficultés de la vie et devant les souffrances. On l’entend crier au moment de sa Passion : « Mon Père, mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Nous sommes ici à la fin du chapitre 12 de l’Evangile de Saint Jean et les lignes qui suivent sont justement celles de l’heure des Ténèbres - l’entrée dans le récit de sa Passion.

Frères et sœurs, ce texte, l’Evangile, ces lectures ont été choisies par Madame de Saint-Marc et ses filles. On pourrait leur demander pourquoi et, en priant j’y ai réfléchi aussi, et je me suis dit qu’elles voulaient sans doute nous montrer la lumière qu’elles voient dans la vie de celui qui vous rassemble dans cette primatiale cet après-midi. Texte fort et vigoureux de Saint Paul qui est aussi un regard général sur les souffrances du temps présent et même sur l’ensemble de la création. Nous le savons bien, la création toute entière crie sa souffrance. On a l’impression qu’il veut crier plus fort encore son espérance : « Il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la Gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. ».

Mais pour dire la vérité, après avoir lu Les Champs de braise, j’attendais que vous choisissiez l’Evangile du centurion. Il y a des passages où ce vrai soldat, dans Les Champs de braise, parle exactement comme le centurion de l’Evangile ; c’est surprenant. Il écrit ainsi, en parlant de l’Indochine : « Lors d’un assaut, le pouvoir d’un commandant de compagnie est impressionnant. La vie d’une centaine d’hommes dépendait de mon jugement. Je disais : Va et le légionnaire allait, sans un murmure, sans un mouvement de recul ». On a vraiment l’impression d’entendre la voix du centurion devant Jésus.

Et bien non ! Vous avez choisi de nous offrir une perspective plus haute. Avec ces textes, vous nous avez emmenés, si l’on peut dire, à l’un des sommets de l’Evangile, qui surplombe toute la vie de Jésus. Et avec ce passage  de l’Epitre aux Romains, au moment où Paul regarde non pas seulement sa vie ou les communautés qu’il conduisait, mais la création toute entière, quelle hauteur de vue ! Quand il en dit la souffrance et quand pour elle il crie son espérance : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? J’en ai la certitude : ni la mort, ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Lui ». Ah ! C’est avec cette lumière que nous regardons, grâce à vous, aujourd’hui, la vie d’Hélie de Saint-Marc. Et si donc nous sommes en compagnie de Jésus, Jésus bouleversé, qui perd ses mots, même, vous l’avez entendu : « Je suis bouleversé, que puis-je dire, dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ?  Mais non, ce serait exactement le contraire de tout ce que j’ai fait tout au long de ma vie ». Il ne veut pas être mis en contradiction avec toute la logique de la lumière de sa vie. Et pourtant, il ne cache pas qu’il est perdu. Et sa demande est belle. Difficile pour nous, il faut le reconnaître. Et son cri, à ce moment-là, c’est : « Père, glorifie ton fils ! » Vous y entendez la première demande du Notre Père : « Que ton nom soit sanctifié ». Quand je dis que c’est une demande haute, je sais ce que je dis parce que, dans le Notre Père, c’est justement la demande à laquelle on accroche le moins. Pour le pain, pour la tentation, pour les péchés, pour la volonté de Dieu  et le règne et le présent, ce sont des choses concrètes. Sanctifier, glorifier le nom de Dieu, ça nous dépasse ; mais pas Jésus, bien sûr ! Et c’est à ce rendez-vous que vous avez voulu nous conduire.

Hélie de Saint-Marc disait : « Moi, je vois plus le mal que la présence de Dieu ». Avouant ici discrètement que sa foi était difficile. Dans sa conversation avec un moine, ce dernier le réconforte en lui disant : « Mais, ne vous en faîtes-pas, vous savez, la foi, c’est une grâce. Certains l’ont simple et lumineuse mais, pour d’autres, c’est un chemin difficile. Tenez, moi par exemple, dit ce moine, dans une heure de ma vie, j’ai une minute de foi et cinquante-neuf minutes de doute, ou de ténèbres, ou de difficultés, ou de nuages. Eh ! Dans cette minute, quelle fulgurance ! Quelle lumière ! Mais c’est cela qui me suffit pour avancer ».
Et donc la question qui est posée, non pas seulement avec la vie d’Hélie de Saint-Marc, mais à la nôtre, bien sûr, à travers cet Evangile, c’est : Est-ce que ma vie, en fait, elle glorifie le nom de Dieu ? Est-ce qu’elle correspond à la première demande du Notre Père ? Avec ce que je suis, ce que je fais ou ce que je dis, est-ce que je sanctifie le nom de Dieu ? C’est peut-être la seule question qui compte. Oui, il est difficile de répondre, en tout cas impossible pour nous, bien sûr. Et c’est pourquoi la réponse vient d’en-haut. C’est une réponse qui vient du ciel. Une voix se fait entendre parce que tu ne sais pas répondre à cette question, bien sûr. Et c’est une voix qui te réconforte et qui te dit : Et oui, je l’ai glorifié –sous-entendu, je l’ai glorifié mon nom dans ta vie. Et là, toute sa vie s’illumine. Et je le glorifierai encore, merci Seigneur pour ce futur, nous ne sommes pas là que pour regarder un passé. Et nous savons qu’il y a aussi tout l’enjeu d’un futur de la gloire de Dieu.

Et voilà que toute la vie d’Hélie de Saint-Marc, beaucoup mieux évoquée par d’autres que par moi, nous l’avons souvent entendue ces jours derniers, nous l’entendrons encore au sortir de la cathédrale.
Voilà le nom d’un itinéraire et des personnes qui se bousculent dans nos mémoires : Et Bordeaux et la Dordogne, Et Buchenwald et Langenstein, l’Indochine et le village de Talung qui est vraiment une marque au fer rouge, un nom brûlant qui le blessera toute sa vie, et Coëtquidan et Perpignan, et Zéralda et Alger, Ah ! Le lieu de la fracture et de la rupture. Et La Santé, Clairvaux et Tulle évoqués par ses filles. Puis un Noël avec la famille retrouvée, près de Nantes. Et Lyon, pendant cinq décennies. Quelle joie, quel honneur pour notre ville ! Avec, en retrait, La Garde Adhémar qui est un lieu d’affection familiale, d’amitié, de repos. Et, justement, c’est le lieu où ce 26 août il est entré dans le repos éternel.
Des noms, il y en a beaucoup aussi. Ils seront dits, j’espère. Moi, je n’en ai retenu qu’un parce que j’avais l’impression que c’était celui qui revenait le plus souvent : l’adjudant Bonnin, en Indochine. J’avais l’impression que c’est celui qu’il écrivait ou qu’il prononçait avec la plus grande émotion.
Et voilà qu’un enfant, Hélie de Saint-Marc, se tourne vers son père et il lui dit : « Père, est-ce que ton nom a été sanctifié ? Est-ce que ton nom a été glorifié, dans ces lieux, par ces personnes et par ces moments de ma vie ? » Et voilà donc notre réconfort, dans cet Evangile que vous avez choisi. Oui, Oui, je l’ai glorifié tout au long de ta vie et cet exemple servira encore à glorifier Dieu ; je le glorifierai encore. Il y a beaucoup de choses à voir, à entendre, à tirer comme exemples stimulants de ta vie, pour les autres.

Et voilà que ce ne sont pas seulement des noms, mais ce sont aussi des mots profonds, parce qu’il n’y a pas que sa vie, il y a aussi la nôtre. Et les mots les plus profonds qu’il a eus, qui sont les piliers mêmes de son existence viennent dans la nôtre ! Et, en pensant à lui, bien sûr, chacun de nous regarde son existence, avec inquiétude, avec  beaucoup de questions, en tout cas avec humilité. Forcément, ils sont dans vos esprits.
J’ai essayé de les écrire comme ils venaient aussi pour moi. L’honneur et la fidélité – c’est la devise de la Légion. L’engagement et le courage.  Quel courage ? Il le met au pluriel, alors les courages, surtout celui d’être fidèle aux rêves de sa jeunesse, quand, à la fin de sa vie, il écrit cette lettre pour le futur à un jeune homme de vingt ans, lettre que vous avez dans vos livrets parce que c’est certainement son texte le plus fort et puis le plus rempli d’espérance et utile pour nous. Et la justice et la loi : justice des hommes, justice de Dieu. Avec cette grande question : comment juger ceux qui nous ont jugés ? Et la dignité, et la liberté, et la guerre, avec sa colère contre la guerre : la guerre est un mal absurde, est un mal absolu, je n’ai jamais rien vu d’aussi cruel et terrible que ce que j’ai vécu en Indochine dans les années 50 et 53. Et la paix surtout, un serviteur de paix, un artisan de paix, un disciple du Prince de la Paix. Et le service.
J’ai gardé pour la fin le mot qui me touche le plus : la res-pon-sa-bi-li-té. En fait, cet homme, il assume tout. Tout ce qu’il a fait, lui-même. Il est assez grand pour en rendre raison et en rendre compte devant tout le monde. Il dit qu’il a toujours agi comme il pensait devoir le faire. Il comprend très bien, dans la finesse, la douceur de son intelligence et son respect de toutes les autres personnes : Je comprends très bien que d’autres aient agi autrement. Ils ont aussi leurs raisons et leurs manières de voir les choses. Jamais il n’a rejeté la responsabilité sur une autorité supérieure avec laquelle il n’aurait pas été d’accord. Il a fait ce qu’il avait à faire quand c’était son rendez-vous avec l’Histoire, en jugeant avec sa conscience. Voilà aujourd’hui ce que je dois faire, je l’assume. Jamais, encore plus bien sûr, il n’a reporté la responsabilité sur ses subordonnés : ils ne sont coupables de rien ; ils m’ont obéi ; toute la responsabilité repose sur moi. Je sais ce que j’ai fait. Et arrivant au moment de son jugement, il dit : « Je connais la gravité de mes actes. J’avais à choisir entre le crime de l’illégalité – qui est terrible – et le crime de l’inhumanité. Vous comprenez le choix que j’ai fait. » Tout était dit. Il avait à répondre de sa vie devant la justice des hommes, et aussi, en partie, de la vie de ses amis et de ses proches.

Mais aujourd’hui, notre réconfort c’est que sa responsabilité est mise en jeu aussi – et responsabilité ça vient du verbe répondre – et aujourd’hui il répond de sa vie devant Dieu. Comme nous aurons tous à le faire un jour quand sonnera l’heure de Dieu dans notre vie. Quand le Seigneur revient, comme on le dit dans le Credo, il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Ah ! Dieu n’est pas un juge de la même espèce. Il est plus un père qu’un juge. Il est un juge et un père. Il est les deux à la fois bien qu’on voit mal comment cela se marie, parfois. Il voit, il sait, il comprend, il connaît, il juge en toute justice, en toute miséricorde, en toute vérité le cœur de ses enfants. Dieu, Dieu, mon père. Devant Dieu il suffit de se présenter avec droiture, avec notre misère reconnue ou nos péchés confessés et tout l’élan, l’enthousiasme qui habitent nos cœurs et nos vies.
Frères et sœurs, tous ces mots de son existence qui sont les mots de la seconde guerre mondiale, de l’Indochine, de la guerre d’Algérie, ce sont des mots qui traversent les siècles et les aléas de l’Histoire, vous le savez bien. La Résistance n’est pas seulement un fait du passé. Aujourd’hui aussi, il y a une résistance à vivre et l’objection de conscience. Et les sentinelles dont il parle tant, ils ne sont pas si loin de nos veilleurs.
Dans son cœur, il y avait du silence, de l’amour, beaucoup de points d’interrogation, du respect et, peut-être, surtout de la confiance. Celle qui habite vos cœurs aujourd’hui, j’espère. Il est aidé par une phrase de Guitton qui dit : « En fait, quand on ne comprend plus rien de cette vie et de l’agissement des hommes et du nôtre, il faut choisir. Il faut choisir entre l’absurde et le mystère ». Moi, j’ai choisi le second mot, et c’est cela qui m’ouvre le chemin de l’espérance. Quelle force, frères et sœurs ! Puisez dans cette existence si chahutée et si droite, si douloureuse et si lumineuse à la fois ! Ne doutez-pas qu’il est vivant aujourd’hui !

Tout à l’heure, dans la préface de cette messe des défunts, je chanterai avec une très grande joie : Avec la mort, la vie n’est pas détruite, elle est transformée. Dans une lumière inconnue de nous, il reste présent à vos vies, vous les membres de sa famille, vous ses amis mais vous aussi son pays qu’il a tant aimé, vous aussi le monde, aux dimensions infinies, qu’il a toujours voulu servir et respecter. Il continuera, comme l’ont dit ses filles au début de la messe, d’être attentif, d’être actif, comme l’était Sainte Thérèse qui promettait, quelques minutes avant sa mort, de passer son ciel à faire du bien sur la terre.

J’ai commencé, frères et sœurs, par la dernière phrase que nous venons d’entendre dans l’Evangile et je terminerai par la première phrase de l’Epitre que vous avez choisie. Elle est si belle et elle nous dit la condition, justement, par laquelle notre vie pourra aussi être un rayon de lumière et amener les autres à l’action de grâce qui habite nos cœurs aujourd’hui : « Frères, tous ceux qui se laissent conduire par l’esprit de Dieu, ceux-là sont vraiment fils de Dieu ».


lundi 22 juillet 2013



















Bibliographie commentée relative à Edmond Michelet

II: Ouvrages sur Edmond Michelet

Auteur(s)
Titre
Editeur,
 année de parution,
nombre de pages
Commentaire



Pierre Viansson-Ponté
Les gaullistes
Rituel et annuaire
Le Seuil
1963
190 pages
Plein d’esprit,
délectable

Edmond Michelet figure parmi plus d’une centaine de gaullistes retenus par Pierre Viansson-Ponté dans ce livre présenté sous la forme d’un guide, du type Michelin, utilisant des symboles pour situer et "coter" rapidement leurs personnalités. Michelet en récolte 12 : Résistance intérieure, R.P.F., Voyages à Colombey, Audiences, Consultations, Fidèle pendant la traversée du désert, 13 mai, Ancien ministre, Ancien député, Ancien sénateur, U.N.R., Dignitaire de la Ve République. C’est assez bien vu. De plus, il a le droit, pour sa "spécialité", au Christ et à de Gaulle. Mais le meilleur est dans le commentaire : « C’est le général qui m’a appelé et a fait de moi ce que je suis ; il peut donc défaire à son gré ce qu’il a créé, m’affecter où il convient, me retirer tout ce qu’il m’a donné si bon lui semble ; je suis un soldat et il est mon chef. Ce n’est pas un gaulliste inconditionnel : c’est bien davantage, c’est un mystique. Si le Christ lui apparaissait et lui ordonnait de trahir de Gaulle, il soupçonnerait Satan de le tenter. »


Yvon Le Vaillant
(pour le portrait de Michelet)
Les héritiers du général
Denoël
1969
11 pages (sur 235) consacrées à Edmond Michelet
Treize portraits de gaullistes par des journalistes du Monde, du Nouvel Observateur et de l’Express
Ton légèrement persifflant mais laissant poindre cependant une certaine admiration

Article de style journalistique (Yvon Le Vaillant est journaliste au Nouvel Observateur) insistant sur  les dimensions catholique et gaulliste d’Edmond Michelet, la seconde ayant tendance à prendre l’ascendant sur la première à moins qu’elles ne fusionnent. Quelques informations inédites sur les relations de Michelet avec l’Episcopat à la fin des années 1960. En particulier, rappel de la querelle entre Michelet et l’Episcopat français en 1969.





Claude Michelet
Mon père
Edmond Michelet
Presses de la Cité
1971
285 pages
A lire en gardant l’esprit critique

Un des ouvrages indispensables pour aborder Edmond Michelet.  Le récit de Claude Michelet, son dernier fils, dont l’écriture est fluide, et les extraits des notes intimes d’Edmond Michelet confèrent à ce livre un réel parfum d’authenticité. Cependant, on y chercherait en vain ce qui peut fâcher.  Dix pages sur 285 consacrées au passage d’Edmond Michelet au Ministère de la Justice, sans aucune mention – par exemple – du rétablissement de la peine de mort pour crimes politiques. On n’en attendait pas plus d’un fils d’Edmond Michelet, sans compter quelques stupidités du genre de celle-ci : « Outre la colère de quelques officiers, son libéralisme (NdR : de Michelet) déchaina celle de tous ceux pour qui l’Algérie devait rester française, quitte à passer quelques neuf millions de musulmans au napalm. »





Multiples
Hommages à
Edmond Michelet
Amitiés Robert Garric
1971
118 pages
Cahier n°6
des Amitiés Robert Garric.
Recueil d’hommages à
Edmond Michelet

Robert Garric, normalien, fondateur des Equipes Sociales et commissaire général du Secours National pendant l’occupation, était un ami très proche d’Edmond Michelet et ils avaient beaucoup d’amis en commun. Lors de la mort d’Edmond Michelet, le n°6 du Cahier des Amitiés Robert Garric lui consacre  une large place. Outre l’homélie prononcée par le père Carré lors de la messe célébrée pour Edmond Michelet à Sainte-Clotilde le 29 octobre 1970, on y trouve une adresse de Georges Pompidou, alors président de la République, et des articles – issus d’une série de discours lors d’une soirée commémorative tenue le 3 février 1971 – d’Antoine Meyrignac, de Pierre Marthelot, d’Etienne Borne, de Pierre Suire, de Roger Dumaine, de Marcel Paul, de Jean Fernand-Laurent, de François Perroux et de Pierre Harmel. Thèmes abordés plus spécialement : la Résistance, Dachau, le Mouvement International des Responsables Chrétiens. Il s’agit d’hommages, donc pas le moindre examen critique. Le noyau des béatifiants est encours de cristallisation…  





Anonyme
En fait : Roger Dumaine
A la mémoire d’Edmond Michelet (1899-1970)
Sans nom d’éditeur
1972
110 pages
Essentiellement hagiographique : c’est la loi du genre

Recueil de témoignages reçus ou publiés à l’occasion de la mort d’Edmond Michelet. Présentation par Roger Dumaine. Parmi les témoignages, ceux du général de Gaulle (qui mourra quelques jours plus tard), de Houari Boumedienne, d’Abdelaziz Bouteflika, du Comte de Paris, de Jacques Duclos, d’André Frossard, de Stanislas Fumet, de Gabriel Marcel, de Jacques Maritain, du cardinal Duval, du cardinal Daniélou, du père Riquet, du père Carré, etc., etc.  Après avoir lu cet ouvrage, on ne comprend pas pourquoi Edmond Michelet n’a pas été en son temps « Santo Subito ! »





Marie-Joseph Lory
Sur les pas d’Edmond Michelet
Les Anciens de Dachau
1977
89 pages
Sous-titré :
Fresnes Dachau 1943-1945
Préface de Mgr Brunon

En écrivant ce livre, l’auteur s’est proposé de commenter "Rue de la Liberté" et, de fait, l’ouvrage se focalise sur cette période clé de la vie d’Edmond Michelet.  Il a été admirable de 1943 à 1945. Est-ce que cela autorise à écrire : « En tant que Garde des Sceaux, pendant la brève période qui va de janvier 1959 à août 1961, Edmond Michelet eut le temps de pardonner et de faire pardonner plus de septante-sept fois sept fois » ? C’est ce qui est connu sous le nom de "phénomène de halo". Qu’un homme ait eu un comportement admirable à une certaine période de sa vie, certains  en déduisent – ils en sont persuadés – que toute sa vie a été admirable. La rationalité ne joue plus, l’affectif l’emporte et balaie toute analyse critique. A cet égard, le cas de Michelet est exemplaire et nombre des ouvrages qui précèdent ou suivent relèvent du même phénomène.





Multiples
Prémices et essor de la Résistance : Edmond Michelet
Editions S.O.S.
1983
235 pages
Actes du colloque
d’Aubazine de 1980

Alternant exposés et témoignages, ces actes se présentent en trois parties : Origines et premiers cheminements de la résistanceLes Réfugiés – occasion d’une résistanceEdmond Michelet : une trajectoire-un milieu-une action. Suit une synthèse des travaux du colloque.  Les intervenants principaux sont Jean-Marie Mayeur, Renée Bédarrida, Louis Terrenoire, Jean Letourneau, Roger Dumaine, Joseph Rovan, l’abbé Glasberg, François Bédarrida, Gilles Le Béguec, Jean-Paul Cointet, René Rémond, Etienne Borne et Léo Hamon. Ce dernier – on ne peut jamais échapper totalement à l’hagiographie – intitule sa communication : "J’ai connu un saint".  Au risque de passer pour un ignare ou un iconoclaste, à la lecture de ces actes, il est difficile de discerner les réelles activités d’Edmond Michelet, chef de la Région V de Combat puis des M.U.R., durant les années 1941 et 1942.





Jean Charbonnel
Edmond Michelet
Beauchesne
(Collection
Politiques & Chrétiens)
1988
295 pages
Indispensable

Index des noms des personnes citées

La plus intelligente biographie d’Edmond Michelet, écrite par un "gaulliste de gauche". Une moitié de l’ouvrage consacrée strictement à la biographie de Michelet, l’autre moitié à  des textes sur des thèmes variés (la foi, l’espérance, la charité, l’Eglise, la liberté, la patrie, la démocratie chrétienne, le gaullisme). Y est inclus un témoignage d’Etienne Borne sur Michelet qui fut son ami pendant 35 ans. Très peu sur le passage au ministère de la Justice. Rien sur les ordonnances répressives et liberticides signées par Michelet entre 1959 et 1961. Une page et demie sur sa présidence de l’association France-Algérie : Qu’y fit-il ?  Beaucoup d’informations. Hagiographie relativement subtile.





Pierrre Panen
Edmond Michelet
Desclée de Brouwer
1991
137 pages
Préface de Claude Michelet

Paru après les ouvrages de Claude Michelet et de Jean Charbonnel, ce livre n’apporte pas grand-chose et reste très partiel. C’est le témoignage d’un ami de la famille Michelet, ou se disant tel.  Du style de la "Bonne Presse", reprenant  les poncifs concernant Michelet, tel, selon le titre du dernier chapitre, "Prophète pour notre temps, Prophète pour demain"





Claire
Patier
Edmond Michelet
Aumônier
de la France
Editions du Serviteur
1991
27 pages
Touchant.
Un peu de lucidité de la petite-fille à propos de son grand-père ne serait pas superflue

Claire Patier, de l’Ordre des Vierges Consacrées, est une petite-fille d’Edmond Michelet. Le lecteur s’en aperçoit à l’issue de la lecture de cet opuscule qui, tout entier, donne une image merveilleuse de la foi d’Edmond Michelet. Treize pages résument sa vie, treize autres sont consacrées à son séjour à Dachau, au « ministre qui priait » et au couple qu’il formait avec son épouse (Papamond et Mamé). Tout ceci est touchant mais, une fois encore, gomme ou oublie ce qui pourrait nuancer ce tableau idéal.  Sans compter les erreurs factuelles, volontaires ou involontaires : A la première guerre mondiale, Michelet n’est pas parti  « sur le front d’Italie » : il est secrétaire du colonel au 126ème R.I. à Brive et ne se rend en Italie qu’après l’armistice (une simple lecture du livre de Claude Michelet suffit). Il ne « quitte » pas le gouvernement en 1961 et en 1968 : il est remercié par le général de Gaulle en 1961 et n’est pas appelé au gouvernement par Couve de Murville, premier ministre, en 1968. Et les quinze lignes correspondant aux 32 mois passés à la tête du Ministère de la Justice ne soufflent mot des ordonnances liberticides qu’il a signées. A se demander si la famille Michelet les ignore, ne veut pas les connaître, ou les connaît mais les tait…
Selon ce livret, l’enquête diocésaine pour la béatification (Claire Patier va un peu vite en besogne et écrit « canonisation ») d’Edmond Michelet aurait été ouverte le 22 mai 1988. Sur le site Internet de la cause, hébergé sur celui du diocèse de Tulle, le début de l’enquête est situé au 16 septembre 2006. Qui croire ? Plutôt le diocèse…
En conclusion, une piété "petite-filiale", avec tout ce que cela implique.






Louis Terrenoire
Edmond Michelet Mon ami
Nouvelle Cité
1992
142 pages
Préface de Maurice Schumann, de l’Académie Française
Sous-titré :
Souvenirs et témoignages

Un livre utile pour la connaissance de Michelet

Le ton est donné dès le début de la préface : « L’ambition des plus audacieux parmi les premiers pères de l’Eglise fut de concilier le stoïcisme et la foi sous la médiation clémente de Jésus-Christ. Edmond Michelet et Louis Terrenoire semblent n’avoir vécu que pour illustrer ce grand dessein… »
Louis Terrenoire fut ami d’Edmond Michelet dès les années 1930. Ils furent tous deux déportés à Dachau, tous deux exclus du M.R.P. en 1947 pour cause de gaullisme. Qu’apporte ce livre ? Des éléments inédits, entre autres sur Edmond Michelet membre de la représentation de la France à l’ONU de 1954 à 1957 lors des débats sur l’Algérie. En revanche – hommage à Edmond Michelet oblige – il n’y cite pas les propos tenus à Louis Terrenoire par celui-ci qui, en 1953, exaspéré par l’absence de perspective de retour au pouvoir du général de Gaulle,  ne croit plus qu’au coup d’état pour ce retour : « Je suis entré au R.P.F. en 1947 pour m’opposer à ceux qui parlaient de coup de force et je veux y militer de plus en plus, en 1953, pour réaliser le coup de force. »





Agnès Brot
Edmond Michelet
Nous avons cru
à l’amour
Editions du Livre ouvert
1995
62 pages
Dévotion "petite-filiale"

Très gentil  livret écrit par une petite-fille d’Edmond Michelet qui a gardé un bon souvenir de son "grand-père gâteau". Extraits de "Rue de la Liberté" mis en regard d’extraits divers d’écrits de Saint Paul, de Pie XII, de Saint Jean… In fine, figure une prière à Dieu – non destinée au culte public – demandant une faveur par l’intercession d’Edmond Michelet, curieusement différente de la prière retenue actuellement dans le cadre de sa cause de béatification. 





Laurent Soutenet, Annie Beynel, Yves Michelet
Edmond Michelet
L’album d’une vie (1899-1970)
Centre Edmond Michelet/Robert Laffont
1996
148 pages
Préface de Claude Michelet
Très nombreuses illustrations.
Intéressant et hagiographique

Ouvrage composé essentiellement d’illustrations, photographies, fac-similés de documents, de lettres, d’affiches, extraits de presse. Chapitres : La Jeunesse, Briviste par Alliance, La Résistance, Dachau, L’homme public, Pour de Gaulle, Avec de Gaulle, L’humaniste et le chrétien, Le journaliste et l’écrivain, Les amitiés, Le Compagnon, Mamé, L’adieu au monde, Le Centre Edmond Michelet





Benoît Rivière
Prier 15 jours avec Edmond et Marie Michelet
Nouvelle Cité
1999
123 pages
Dans la collection :
"Prier 15 jours"

Benoît Rivière, évêque d’Autun, Chalon et Mâcon est petit-fils d’Edmond Michelet. Le principe de cette collection est  « de passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien. » Un rappel biographique de neuf pages résume la vie d’Edmond Michelet. Voilà comment est présenté son passage au ministère de la Justice : «…mais une tache plus exaltante l’attend, où il pourra donner toute sa mesure ; le 8 janvier 1959, il succède Place Vendôme  à Michel Debré devenu Premier Ministre. Sa responsabilité de ministre de la Justice est lourde en cette période cruciale de l’histoire de France. Il lui faut en même temps aider le gouvernement à régler la dramatique affaire algérienne, en suspendant l’exécution des condamnés à mort algériens, au risque d’être en butte à l’incompréhension de l’opinion publique et à l’opposition de Michel Debré, lui-même écartelé entre sa fidélité inconditionnelle envers le général de Gaulle et ses convictions propres. Le conflit s’aggravant, Edmond Michelet s’efface et quitte le gouvernement le 25 août 1961 en la fête de saint Louis. » Une erreur volontaire, reprise largement : Michelet ne s’est pas effacé, n’a pas démissionné. Debré a demandé à de Gaulle de choisir entre lui et Michelet ; de Gaulle a choisi Debré. A tel point que Michelet, furieux, a pu dire : « Debré a eu ma peau ! » Rien sur les ordonnances répressives et liberticides signées par Michelet en 1960, dont le rétablissement de la peine de mort en matière politique.
Pour le reste, chaque jour, une méditation s’engage sur un thème donné, illustré par des textes tirés des écrits de Michelet : fraternité, fidélité aux engagements, un ministre qui priait, prophète et politique, tenir bon, ma grâce te suffit, comme nous pardonnons aussi, charité inventive, le pain de la vie, etc.   Ce ne peut être qu’hagiographie. A réserver à ceux qui veulent prier mais qu’ils ne cherchent pas à savoir réellement qui était l’homme politique Edmond Michelet.





Jean Peyrade
Figures catholiques du XXe  siècle
Pierre Téqui
1999
181 pages
Tome 3

Dans ce tome, l’auteur s’intéresse à dix personnalités catholiques françaises : Charles Péguy, Dom Chautard, Paul Claudel, Madeleine Daniélou, Edmond Michelet, L’abbé Rhodain, Pierre-Henri Simon, Joseph Folliet, André Frossard et Georges Rouault. Edmond Michelet se trouve en compagnie de personnalités fort estimables. Rien d’original sur Edmond Michelet. Ces livres sur Michelet, mêlant biographie et spiritualité, pleins de bonne volonté, se ressemblent tous, s’intéressent à la même époque de sa vie (1935-1945) et prennent aux mêmes sources, à savoir "Rue de la Liberté" et "Mon père Edmond Michelet", agrémentées de quelques considérations personnelles.





Multiples
Edmond Michelet Homme d’Etat
Fraternité
Edmond Michelet
2000
271 pages
Actes du colloque du centenaire de la naissance d’Edmond Michelet
Les 15 et 16 octobre 1999
au Palais du Luxembourg
Indispensable

Ces actes sont organisés en  quatre parties : Le Chrétien et le Citoyen/Au Ministère des Armées/Anciens combattants, Justice, Affaires culturelles/Edmond Michelet Homme d’Etat.  Les communications les plus intéressantes sont celles de Jacque Prévotat sur Michelet dans la période 1899-1940, de Maurice Vaïsse , Claude d’Abzac-Epezy et Xavier Boniface sur son passage au ministère des armées, de Jean-Marie Mayeur sur le gaullisme d’Edmond Michelet. Les exposés de Guillaume Mouralis et de Sylvie Thénaut, sur le passage de Michelet au ministère de la Justice, apportent des informations inédites mais sont totalement muets sur la répression des partisans de l’Algérie française. Or c’est bien sous Michelet qu’est prise l’ordonnance de rétablissement de la peine de mort en matière politique ; c’est sous Michelet que sont créées des juridictions d’exception, c’est sous Michelet que la garde à vue est portée à 15 jours, C’est sous Michelet que l’inamovibilité des magistrats du siège est suspendue, que le Conseil de l’Ordre des avocats d’Alger est dissous, etc. Rien de tout cela n’est évoqué…
Un point intéressant pouvant éclairer certaines positions d’Edmond Michelet : Fernand Grévisse, qui fut directeur des Affaires civiles au ministère de la Justice, rapporte une anecdote qui met en évidence le caractère coléreux de Michelet : sur certains sujets, il se laisse submerger par sa passion au point de ne plus se contrôler : on ne peut plus parler de "saintes colères".


Albéric
de Palmaert
Edmond Michelet
Quand il avait
douze ans
Viltis Editions
2008
93 pages
Préface de Mgr Benoît Rivière
Destiné aux 11-12 ans

On nage dans les bons sentiments, les approximations et le non-dit. La conclusion semble  bien prématurée : « Edmond Michelet, un des hommes les plus honnêtes et un des plus grands saints de sa génération ».  Attendons les conclusions, dans quelques dizaines d’années, peut-être, de la Congrégation pour la cause des saints.





Jérôme Cordelier
Rebelles de Dieu
Flammarion
2011
21 pages sur 257 consacrées à Michelet
Livre de journaliste, sympathique mais   superficiel. S’il pousse le lecteur à s’intéresser en profondeur à certaines personnalités exceptionnelles, il n’aura pas manqué son but.

Jérôme Cordelier, journaliste au Point, a sélectionné douze figures. "Un jour, ils ont dit non". Ce sont Albert Schweitzer, Edmond Michelet, les époux Trocmé, Madeleine Delbrêl, Geneviève Anthonioz-de Gaulle,  Joseph Wrezinski, le cardinal Saliège, l’abbé Glasberg, le père Chaillet, Henri de Lubac, le père Bruckberger, le père Delfieux.  Certaines d’entre elles sont  incontestables, d’autres le sont moins.
En vingt pages, consacrées essentiellement à la période de la résistance et de la déportation, rien de nouveau sur Michelet qui, après avoir dit Non en 1940 a dit Oui – ce n’est pas dans le livre – de nombreuses fois à de Gaulle, même contre ses convictions (profondes ?).





Multiples
Sous la direction de Nicole Lemaitre
Edmond Michelet
Un chrétien
en politique
Collège des Bernardins/Lethielleux
2011
262 pages
Actes du colloque
tenu aux Bernardins
les 10 et 11 décembre 2010

Encore plus indispensable que les actes du colloque de 1999

Ces actes sont organisés en quatre parties : La Formation et les réseaux/Le Ministre/La Réconciliation/Conclusion. Un vent frais a soufflé sur ce colloque grâce à la présence de jeunes et moins  jeunes historiens que la figure d’Edmond Michelet ne confit pas en dévotion : Olivier Herbinet (Michelet et de Gaulle sous la IVe République), Guy Pervillé (de l’Algérie française à l’Algérie des deux peuples), Olivier   Dard (Ministre de la Justice à l’heure de la guerre d’Algérie), Eric Kocher-Marboeuf (Edmond Michelet et la réconciliation de la France et de l’Algérie indépendante), Guillaume Gros (La réconciliation entre la monarchie et la Ve République), Audrey Virot (La réception du concile de Vatican II dans l’Eglise de France selon Edmond Michelet). L’image pieuse de Michelet (pourtant distribuée à l’entrée du colloque) s’est troublée derrière l’image de l’homme politique dont les actes et les paroles, spécialement comme ministre de la Justice, ont été exposés et pesés soigneusement.
Voir dans ce blog un compte-rendu détaillé du colloque.


Bernard Zeller
L’autre visage d’Edmond Michelet
Via Romana
2012
296 pages

Préface de Michel Déon,
de l’Académie Française
Index des noms des personnes citées
Très nombreuses références

Ouvrage axé sur Michelet homme politique, sur ses faits, ses actes, ses dires. Développe le passage d’Edmond Michelet au ministère de la Justice. Pas de commentaires, des questions quand elles sont nécessaires : Dans ses fonctions législatives et ministérielles, a-t-il agi en chrétien ? Dans ce livre figurent de nombreux éléments non disponibles dans les biographies antérieures.
Factuel, non hagiographique. Voir dans ce même blog une présentation détaillée de l’ouvrage.





Jean-Paul Delbos
Edmond Michelet,
de l’Indochine
à la Chine
Autoédition
2012
56 pages
Préface de Jean Charbonnel
Postface de Nicole Lemaitre

Jean-Paul Delbos a été durant huit ans président des anciens élèves de l’ensemble scolaire Edmond Michelet de Brive. Le développement de l’apprentissage de la langue chinoise dans cet établissement l‘a incité à écrire un livret sur une mission sénatoriale conduite par Edmond Michelet en 1955 en Indochine et en Chine.
Après les accords de Genève coupant en deux le Vietnam, le Nord aux communistes, le Sud rapidement aux nationalistes, une mission sénatoriale française dirigée par Edmond Michelet fait un voyage dans les deux Vietnam, au Cambodge et, non prévu au programme, en Chine où Mao-Tse-Toung est au pouvoir depuis six ans.
Un rapport est issu de cette mission. Six pages sont consacrées à la Chine. Les sénateurs sont frappés par « L’enthousiasme de la jeunesse … qui se voit offrir un idéal à aimer et à vivre », « les classes bourgeoises n’ont pas été systématiquement éliminées » (NdR : pas encore), « Les partis politiques sont maintenus comme porte-parole des …intellectuels, artistes, techniciens… ». Mutatis mutandis, on peut comparer ce voyage à d’autres, par exemple dans les années 1920 et 1930 en U.R.S.S. ou en Allemagne.
Après le retour en France, Edmond Michelet et ses collègues présentent une proposition de résolution de reconnaissance par la France de la Chine populaire.