Interview d’Edmond Michelet à Dachau le 5 mai 1945 par un officier américain
(Langue originale : anglais)
L’officier américain :
Etes-vous français ?
Edmond Michelet :
Je suis français
O.A. :
Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans ce camp ? Nous aimerions
savoir depuis combien de temps vous êtes ici et pour quelles raisons.
E.M. :
Je suis un des premiers à avoir été arrêté en France. J’ai été arrêté à la fin
de janvier 1943. Je suis ici depuis presque deux ans. Je suis resté six mois à
la prison de Fresnes, à Paris ; un mois dans l’horrible camp de Sarrebruck
où j’ai vu des choses terribles ; et je suis arrivé en septembre 1943.
Alors, le camp n’était pas aussi dur qu’il n’était auparavant.
Mais cependant, j’ai aussi vu ici des choses
terribles.
O.A. :
Par exemple ?
E.M. :
Par exemple, et bien, dix jours après mon arrivée ici, nous avons dû rester 36
heures à un endroit, 36 heures comme ceci (Edmond
Michelet prend la position de « garde à vous »), au bon plaisir du garde,
immobiles, à ne rien faire. Il
était strictement interdit d’aller nulle part, de faire quoi que ce soit.
Ce que je veux vous dire : en juin-juillet
dernier, un convoi français de milliers de personnes, des français, des
politiques ; dans ce train, plus de la moitié des gens sont morts ;
ils sont morts. En français on l’appelle « le convoi de la mort »,
the death convoy.
O.A. :
C’est très similaire au train qui… (L’officier
américain désigne un déporté interviewé auparavant)
E.M. :
Exactement. Le mois de juillet a été celui de la mort d’un millier de français.
O.A. :
De quoi sont-ils morts ?
O.A. :
Combien de personnes sont-elles venues comme prisonniers… (inaudible)
E.M. : (Inaudible) ….. Nous étions parmi les
premiers, je vous l’ai dit ; …(inaudible)
O.A. :
A quoi attribuez-vous le fait que vous soyez en vie aujourd’hui ?
E.M. :
A la Providence, à la Providence. Je suis catholique romain et, vous savez, je
crois réellement en Dieu. (Avec un
sourire) Je suis obligé de croire en Dieu !
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